Leçons apprises et réapprises pour améliorer la vaccination systématique des enfants : Six enseignements tirés de la pandémie de COVID-19

Publié le 26 avril 2024

Cet article a été publié à l'origine sur le blog de JSI. Lire l'article original ici

MOMENTUM distribue les vaccins COVID-19 aux communautés riveraines par bateau au Jammu-et-Cachemire, en Inde. Crédit photo : JSIPL

Le projet USAID MOMENTUM Routine Immunization Transformation and Equity (le projet) a été conçu pour atténuer les obstacles persistants à une couverture élevée et équitable de la vaccination de routine. Après l'introduction des vaccins COVID-19 en réponse à la pandémie, le projet a travaillé dans 18 pays pour soutenir les gouvernements nationaux et sous-nationaux dans leurs efforts extraordinaires pour vacciner en un temps record des groupes importants et divers de populations hautement prioritaires. Le projet a directement soutenu l'administration de plus de 21 millions de doses de vaccins COVID-19 et a apporté des contributions significatives dans toute une série de domaines techniques.

L'urgence de la vaccination, associée à d'énormes investissements mondiaux, a conduit à des innovations et à des adaptations d'anciennes approches et à des pratiques d'immunisation qui n'avaient pas reçu suffisamment d'attention. À l'occasion du 50e anniversaire du Programme élargi de vaccination de l'Organisation mondiale de la santé, et alors que l'attention se porte à nouveau sur l'IR, le projet applique six enseignements tirés de la vaccination COVID-19 pour atteindre l'objectif mondial d'un accès équitable à des vaccins vitaux pour chaque enfant.

1. Écouter les communautés lors de la planification, de la mise en œuvre et de la promotion de la vaccination.

La rapidité de la mise au point et de la diffusion des vaccins a donné lieu à des mythes sur le vaccin et ses effets secondaires. Pour ceux qui ont cherché à se faire vacciner, des obstacles géographiques, logistiques et autres ont limité la capacité de nombreuses personnes à se faire vacciner. Malgré ces obstacles, le projet a permis d'améliorer l'acceptation et l'utilisation du vaccin en écoutant les voix de la communauté lors de la planification, de la promotion et de la fourniture des vaccins.

En Inde, elle a collaboré avec des organisations de la société civile (OSC) locales qui ont utilisé des bateaux pour apporter les vaccins COVID-19 aux pêcheurs des îles Brahmaputra. Conscientes que les personnes âgées ayant des connaissances limitées en informatique n'étaient pas en mesure de se faire vacciner par téléphone portable, les OSC locales ont également proposé une aide à l'inscription sur place. Sur les conseils des dirigeants communautaires, le projet a créé des émissions de radio et des documents imprimés en 12 langues pour atteindre les populations tribales et isolées.

Au Mozambique, les soignants ont cité le manque de traitement et de communication dans les établissements de santé comme des obstacles majeurs au respect du calendrier de l'IR. En réponse, le projet a conçu des interventions - notamment la formation des prestataires de soins de santé à la communication interpersonnelle, la facilitation de la coordination entre les prestataires de soins de santé et les homologues de la communauté, et l'introduction de fiches d'évaluation de la qualité des soins - qui ont amélioré les interactions entre les prestataires de soins de santé et les clients.

2. Offrir des services de vaccination à des heures convenables et dans des lieux accessibles.

La vaccination COVID-19 a nécessité de nouvelles stratégies pour atteindre les personnes qui n'étaient pas auparavant visées par les services de vaccination. Pour augmenter le taux de participation, le projet a redoublé d'efforts pour rendre les vaccins accessibles aux populations prioritaires dans les lieux à forte circulation et à des heures élargies. Au Kenya, les conducteurs de motos ne voulaient pas interrompre leur travail pour se faire vacciner. Le projet s'est donc coordonné avec les autorités sanitaires locales pour proposer la vaccination par le COVID-19 dans les lieux où les conducteurs attendent leurs clients, ce qui a permis de vacciner à la fois les conducteurs et leurs passagers. En République démocratique du Congo (RDC), le projet a mis en place des sites de vaccination COVID-19 sur les marchés afin que les passants puissent se faire vacciner sans avoir à se déplacer, et a ensuite établi des sites similaires pour fournir des vaccins aux enfants sur les marchés. Le projet travaille dans les centres de santé urbains de Lagos, au Nigeria, pour institutionnaliser les services de vaccination le week-end afin de répondre aux besoins des soignants qui ne peuvent pas amener leurs enfants dans les centres de santé pendant les séances matinales en semaine.

MOMENTUM offre des services de vaccination aux conducteurs de moto au Kenya. Crédit : Joel Mulwa/USAID

3. Utiliser les données comportementales pour adapter les stratégies afin d'augmenter la participation.

Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles les gens peuvent rejeter les nouveaux vaccins ou cesser de faire vacciner leurs enfants. Ces raisons peuvent varier au sein d'un même pays en fonction de la situation géographique, de la religion, de l'appartenance ethnique et d'autres facteurs. Nous devons comprendre ces raisons afin d'adapter les stratégies visant à éliminer les obstacles et à faciliter la vaccination. En Serbie, les recherches ont montré que le grand public et les professionnels de la santé ne disposaient pas d'une source cohérente et fiable d'informations sur la vaccination COVID-19. Le projet a donc contribué à la mise en place d'un groupe consultatif scientifique, réunissant des institutions et des experts en matière d'immunisation, qui constituent une source d'information unique et fiable. Le groupe consultatif a transmis des informations précises sur le COVID-19 aux professionnels de la santé et au public par le biais de conférences de presse et d'autres apparitions dans les médias, ce qui a permis d'atténuer les rumeurs et de corriger les informations erronées.

Le projet a également adopté une approche axée sur le comportement afin d'accroître l'utilisation de l'IR en Inde, où les données comportementales ont mis en évidence l'importance du soutien familial et des normes religieuses en tant que déterminants de la couverture vaccinale. Le projet a soutenu des réunions éducatives séparées pour les mères et les pères, et a orienté les organisations confessionnelles, les groupes de femmes et d'autres leaders communautaires vers des sujets liés à la vaccination. En créant une large sensibilisation et en influençant les normes communautaires, les mères sont mieux soutenues pour vacciner leurs enfants.

4. Engager de nouveaux partenaires pour contribuer à une couverture vaccinale équitable.

De nombreuses personnes et organisations souhaitaient contribuer à mettre fin à la pandémie. Des partenaires qui n'étaient pas impliqués auparavant dans la vaccination, y compris des organisations locales ayant la capacité d'atteindre des groupes qui n'avaient pas encore été vaccinés en priorité, se sont joints à l'effort. Avec le soutien du projet, l'Ageing Concern Foundation au Kenya a fait du porte-à-porte et a mené des actions de sensibilisation lors de rassemblements publics et d'événements dans les églises et les mosquées afin d'informer les gens sur le COVID-19, pour finalement livrer 79 397 doses de vaccins COVID-19 à des adultes plus âgés en six mois. En Inde, le projet s'est associé à la Transport Corporation of India Foundation pour atteindre les transporteurs et les travailleurs des industries affiliées afin d'apaiser les inquiétudes concernant les vaccins et d'augmenter le taux de vaccination dans 18 États.

Des camionneurs en Inde vaccinés grâce aux efforts du projet. Crédit : MOMENTUM Routine Immunization Transformation and Equity (Transformation de l'immunisation de routine et équité)

Cette approche d'engagement de nouveaux partenaires a été appliquée à la fois pour COVID-19 et RI en RDC. Le projet a facilité l'établissement de 76 partenariats reliant les autorités sanitaires infranationales aux OSC locales et à d'autres partenaires qui ont soutenu les activités d'éducation et de sensibilisation. Grâce à un accompagnement soutenu par le projet, les autorités sanitaires locales ont tiré parti de ces relations pour soutenir l'IR, les partenaires fournissant des locaux pour les réunions et le transport des vaccins, même dans les endroits où le projet n'est plus opérationnel.

5. Investir dans des systèmes de données solides, adaptés au contexte et permettant aux gestionnaires de cibler les ressources.

Les partenaires mondiaux ont réalisé d'importants investissements dans les systèmes de données au cours de la pandémie. Certains pays ont profité de ces investissements pour adopter des technologies de nouvelle génération, tandis que d'autres ont dû faire face à des difficultés d'adoption. Le projet a veillé à ce que ces nouveaux systèmes ne se contentent pas de soutenir le suivi mondial, mais fournissent également des données pour la gestion locale.

Au Vietnam, le projet a développé un formulaire Google pour aider à rassembler les données de vaccination afin que les responsables des provinces et des districts puissent les utiliser pour suivre les progrès. En RDC, les efforts visant à introduire un système de données avec des dossiers de patients individuels se sont heurtés à des difficultés telles que la connectivité et la surcharge de travail des prestataires. Le projet a permis de revenir à des rapports de synthèse, ce qui a fourni des données plus fiables pour les décisions de gestion. Le gouvernement indien a mis en place un système de données intégrant le statut vaccinal individuel, la disponibilité des vaccins et la programmation des services. Les tableaux de bord conçus par le projet au niveau de l'État ont aidé les responsables de l'État et des districts à utiliser ces données pour identifier les zones les moins performantes afin d'y apporter une attention et un soutien accrus. Sur la base de cette expérience, le projet développe des tableaux de bord similaires pour identifier les sous-districts de 15 municipalités qui ont besoin d'une attention supplémentaire pour améliorer les performances du Rotary.

Le personnel de MOMENTUM dans un centre de santé du Haut Katanga, en RDC. Crédit : Yves Ndjadi

6. Adapter en permanence les stratégies en fonction de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas.

Les défis posés par le déploiement rapide du vaccin COVID-19 ont nécessité une adaptation continue. Travaillant sous pression, le projet a examiné les résultats en temps réel et a rapidement procédé à des ajustements si une stratégie s'avérait inefficace. En Éthiopie, par exemple, le ministère de la santé et le bureau de santé de l'administration de la ville d'Addis-Abeba ont intégré la vaccination COVID-19 dans leur campagne contre la rougeole afin d'atteindre les soignants qui amènent les enfants pour les faire vacciner. Cependant, les données de la campagne ont montré que le taux de vaccination par le COVID-19 était plus faible que prévu. En collaboration avec les prestataires de soins de santé, le projet a modifié le flux de patients sur les sites de vaccination afin que les vaccins COVID-19 soient proposés avant que tous les services destinés à l'enfant ne soient terminés. Ce petit ajustement a contribué à une augmentation significative du nombre de personnes ayant reçu les vaccins COVID-19 au cours de la campagne.

Pour soutenir le grand rattrapage de l'IR au Mozambique, le projet a conseillé au gouvernement de mener un projet pilote pour permettre des adaptations avant une mise en œuvre à l'échelle nationale. Au cours de la phase pilote, le projet a appris que de nombreux registres et documents des établissements de santé nécessaires à la microplanification étaient manquants ou endommagés, et a donc opté pour la cartographie communautaire afin d'améliorer la précision. La phase pilote a également révélé la nécessité d'une formation pour définir et identifier les enfants éligibles à la dose zéro et les enfants sous-vaccinés, données essentielles pour planifier des stocks de vaccins adéquats. Ces enseignements sont intégrés dans le déploiement national des campagnes de rattrapage.

Les défis à relever pour améliorer l'équité et protéger pleinement chaque enfant contre les maladies évitables par la vaccination sont considérables. Mais en mobilisant de nouveaux partenaires, en écoutant et en répondant aux besoins des communautés, en utilisant les données pour guider le travail et en procédant aux ajustements nécessaires, nous sommes optimistes et pensons que la communauté de la vaccination fera progresser les objectifs locaux et mondiaux en matière d'immunisation.

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