Les actions d'une seule personne peuvent avoir des répercussions à grande échelle. C'est le cas de Fatoumata Ousmane, une mère de trois enfants qui a grandi dans le village de Tacharane, dans la région de Gao, au nord-est du Mali. Travailleuse de la santé de longue date dans la communauté autour de Tacharane, Fatoumata a participé à une formation sur les politiques, normes et procédures en matière de santé reproductive dispensée par MOMENTUM Integrated Health Resilience. Elle avait passé des années à travailler avec les mères et les bébés dans la région de Tacharane, mais était désireuse d'améliorer ses compétences. Il y avait urgence car le Mali a l'un des taux de mortalité maternelle et infantile les plus élevés d'Afrique subsaharienne, selon l'enquête démographique et de santé du Mali 2018.

La formation MOMENTUM s'appuie sur les compétences existantes en matière de soins de santé

Fatoumata rappelle que l'objectif de la formation était de renforcer la capacité des agents de santé à respecter les normes et standards reconnus en matière de santé maternelle, néonatale et infantile (SMNI) au Mali.

"Avant, je ne savais pas comment remplir un partogramme (utilisé pour surveiller le bien-être et les progrès d'une femme enceinte pendant le travail actif) mais maintenant je les utilise facilement. J'ai eu deux cas de mortinatalité avant la formation et je n'ai enregistré aucun cas depuis la formation", explique-t-elle. L'utilisation du partogramme par Fatoumata lui a donné des indications pour savoir quand référer les urgences obstétricales plutôt que d'attendre de voir ce qui se passe. Une action précoce est essentielle pour réduire les cas de mortinatalité.

L'intérêt et la participation de Fatoumata pendant la formation ont attiré l'attention du Dr Lazare Coulibaly, directeur technique de MOMENTUM Integrated Health Resilience Mali. Il a noté que Fatoumata "est courageuse et très engagée dans la santé de la communauté. Elle aime son travail et montre une volonté de s'améliorer dans ce qu'elle fait."

Il est difficile de ne pas remarquer le dévouement de Fatoumata pour la santé et le bien-être des membres de sa communauté et des environs. Elle est agent de santé depuis février 2009, et c'est un motif de fierté pour elle. Elle occupe le poste de directrice technique du centre de santé communautaire de Tacharane, où elle est chargée de mettre en œuvre un ensemble minimal d'activités comprenant des consultations pour le paludisme, la diarrhée, les infections respiratoires aiguës, etc. Elle supervise également le suivi des enfants en bonne santé, y compris les vaccinations, ainsi que les consultations prénatales, les accouchements et les consultations postnatales, y compris le planning familial.

Parmi les réalisations dont Fatoumata est la plus fière figure l'organisation de séances de sensibilisation avec les hommes de son village qui étaient hostiles aux consultations prénatales et aux services de planification familiale volontaire. " Au bout d'un moment, les hommes ont demandé aux femmes de se joindre à eux lors de ces séances ", se souvient-elle. "Puis ils ont suggéré l'idée d'une case de santé pour rapprocher les services de la communauté". Les habitants du village ont collecté 1 272 dollars (soit 700 000 francs CFA ouest-africains) pour construire des cases dans deux villages distants de plus de 25 km. "Je suis fière de cette initiative réussie par les communautés, avec mon aide, et je me sens utile dans mon travail", dit-elle.

La formation MOMENTUM a marqué un tournant pour elle. " C'est au cours de cette formation que j'ai eu des éclaircissements sur l'utilisation du Sayana Press (contraceptif injectable réversible à longue durée d'action) ", raconte-t-elle. "J'ai tout appris sur le produit et la manière de l'administrer. J'ai même pratiqué des injections pendant la formation, tant pour le Sayana Press que pour la vitamine K1."

S'attaquer aux faibles taux de contraception et aux vaccins, une mère à la fois

Dans la région de Gao, au Mali, où le taux de prévalence de la contraception n'est que de 3,3 %, les services et la compassion de Fatoumata font cruellement défaut. "Il est important de discuter des choix de planification familiale avec les femmes afin qu'elles puissent connaître toute la gamme (des services) disponibles, et que cela puisse faciliter leur acceptation d'au moins une méthode. Cela peut assurer leur confort en espaçant les naissances et en planifiant les grossesses comme elles le souhaitent", explique Fatoumata.

Fatoumata s'investit également pour que les enfants reçoivent leurs vaccins dans les délais prévus. C'est lors des séances d'analyse des données sanitaires pendant la formation qu'elle a reconnu une baisse du nombre d'enfants de la région de Gao recevant la première dose de vaccins et la dernière : "Pour réduire cet écart, il est essentiel de sensibiliser les mères à la nécessité de réaliser le parcours vaccinal complet." Au centre de santé, les discussions avec les mères portent désormais sur les calendriers de vaccination en mettant l'accent sur le prochain vaccin que leurs enfants devraient recevoir. Elle ajoute qu'elle intègre toujours une sensibilisation au planning familial lors des séances de vaccination. Cette mesure a été mise en œuvre après que Fatoumata a suivi la formation MOMENTUM.

Aussi occupée qu'elle soit en tant qu'agent de santé et mère de trois enfants, Fatoumata continue de se battre pour la santé des mères et des bébés de sa communauté. "Pour toutes les mères, mais surtout pour les femmes de ma communauté, j'espère qu'elles éviteront les complications pendant la grossesse et l'accouchement", affirme-t-elle. "Aucune femme ne devrait mourir en accouchant".

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